Alors que ses capacités financières sont limitées au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la SNCF est confrontée au début des années 1950 au chantier d’ampleur de la reconstruction de la gare Montparnasse, véritable serpent de mer de l’administration des chemins de fer de l’État dans l’entre-deux-guerres. Avec l’appui d’un haut-fonctionnaire promis à une longue carrière politique, Edgar Pisani, les dirigeants de la SNCF conçoivent une ambitieuse opération urbanistique dans laquelle la promotion des terrains situés à l'emplacement et à proximité de la gare doit financer en intégralité sa reconstruction. Capitaliser sur les flux de voyageurs pour augmenter puis exploiter la valeur foncière du domaine public ferroviaire : voilà une formule destinée à une longue histoire, qui se prolonge aujourd’hui dans le modèle économique de Gares & Connexions. Entre difficile insertion dans les couches de l’État aménageur et portage de nouveaux imaginaires urbains, l’opération Maine-Montparnasse (1953 – 1973) éclaire la position des dirigeants de la SNCF dans une période où les horizons du mode ferroviaire sont particulièrement sombres.