L’intervention portera sur la construction du savoir historique dans les premiers siècles de l’islam (VII^e-X^e s.), en particulier à la lumière d’un genre historiographique totalement négligé : les histoires astrologiques. Ce mode alternatif d’écriture de l’histoire n’a pas été pris en compte par la recherche moderne, qui reste tributaire d’une approche classique basée sur les chronographies (chroniques et annales). Ces dernières présentent toutefois l’inconvénient d’être relativement tardives (produites surtout à compter du ixe siècle) et ne permettent ainsi guère d’illuminer la construction d’un discours historique dans les débuts de l’islam. Le séminaire s’efforcera de montrer que les histoires astrologiques offrent l’avantage d’un corpus ancien produit par des savants de multiples confessions et issus de traditions scientifiques diverses, dans un contexte de transmission interculturelle. Ce corpus éclaire d’un jour nouveau la fabrique de l’histoire dans la période formative de l’islam, qu’il s’agisse de l’élaboration d’une chronologie que nous utilisons toujours aujourd’hui ou de la sélection de lieux de mémoire qui demeurent centraux dans notre appréhension de l’histoire islamique. Plus largement, le succès puis la disparition des histoires astrologiques révèle une crise du temps qui se traduit par un changement de régime d’historicité au tournant des ixe et xe siècles qui précipite un changement des acteurs de l’écriture de l’histoire et explique le triomphe des chronographies ainsi que le « trou historiographique » supposé qui caractérise les premiers siècles de l’islam.