Béatrice Milard est professeure de sociologie à l’Université Toulouse – Jean Jaurès (UT2J), membre du Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST) et directrice du Labex « Structurations des Mondes Sociaux ». Ses recherches portent sur les activités scientifiques et les relations personnelles et plus généralement sur les sociabilités et les engagements collectifs.

La crise de la COVID-19 et les mesures sanitaires qui en ont résulté ont profondément affecté les réseaux personnels. L’enquête longitudinale La vie en confinement (VICO/PANELVICO, ANR, 2020-27) a analysé les opinions et pratiques des individus vis-à-vis des règles sanitaires, en fonction de leurs caractéristiques sociales, de la nature de leurs relations personnelles et de l’émergence de conflits au sein de leurs réseaux. La compliance (le respect effectif des règles) s’inscrit dans des sociabilités différenciées et des expériences relationnelles spécifiques, impliquant parfois des conflits interpersonnels. Les tensions générées par des points de vue divergents sur les mesures de santé publique ont évolué au fil du temps, depuis les confinements jusqu’au passe sanitaire, puis à l’obligation vaccinale, donnant lieu à des formes de critique et de réflexivité de plus en plus complexes. Ces conflits, loin de se réduire à un simple rejet des règles, traduisent également des attentes envers les institutions – politiques et scientifiques – et témoignent d’une sorte de vigilance démocratique en situation de crise.